Ma fugue chez moi

Publié le par Sophie

Ma fugue chez moi

Coline Pierré

Rouergue, 2016

 

Anouk, 14 ans, ne supporte plus le collège. Sa meilleure et seule amie s'est détournée d'elle pour passer du côté des commères moqueuses alors voilà qu'elle se retrouve seule. Chez elle, ce n'est guère mieux avec un père qui fait ce qu'il peut pour élever ses deux filles et une mère quasi inexistante qui ne fait que passer deux ou trois fois dans l'année entre deux missions pour son travail. Alors un jour, Anouck décide de fuguer mais il ne lui faudra que quelques heures pour comprendre les difficultés de la vie en fuite. La solution, fuguer chez elle en se cachant dans le grenier...

 

 

Vous l'aurez compris, ce roman est assez original. Raconter la fugue d'une ado c'est une chose mais quand celle-ci se déroule sous son propre toit, c'est assez surprenant mais néanmoins plutôt bien mené. Anouck va donc vivre une fugue assez particulière car quand le classique du genre permet de se débrouiller et de se retrouver seule, celle-ci va être un peu différente. Anouck a presque tout le confort et n'a plus qu'à utiliser la maison quand son père et sa sœur sont absents, sans laisser de traces ce qui n'est pas forcément évident. Elle est bien seule et amenée à réfléchir sur elle-même et sur sa vie, point qui semblait nécessaire pour la jeune fille. Cette fugue à l'avantage de ne pas présenter les dangers d'une fugue en pleine nature, c'est d'ailleurs en partie ce qui l'a conduit à rentrer chez elle : la peur de dormir dehors, des autres... Mais ce qu'il y a en plus dans cette fugue, et c'est ce qui va apporter une dimension supplémentaire à ses réflexions, c'est qu'elle continue à suivre la vie de sa famille. Vivant juste au dessus d'eux, elle va assister à leurs réactions, aux recherches pour la retrouver, elle saura tout ou presque sur ce que provoque sa fuite.

 

C'est intéressant cette approche car le lecteur se place des deux côtés : celui d'Anouck et celui de sa famille, tout en ayant uniquement le point de vue de l'adolescente. C'est parfois assez difficile d'ailleurs car on comprend son besoin de fuite et de solitude et en même temps, on se met à sa place devant le désarroi de ses proches. Et puis surtout, on attend le dénouement et les réactions qu'il va susciter car si une fugue au loin peut s'éterniser, là on se doute que ce n'est qu'une question de jours.

 

Un roman court avec une approche particulière qui montre le besoin de solitude (d'une bonne solitude) dont peuvent avoir besoin les ados pour se trouver eux-même. J'ai d'ailleurs beaucoup aimé le bilan que fait Anouck de sa fugue qui se résume à cette phrase :

L'humanité tout entière passe son temps à s'enfuir.
Je crois que c'est le cours normal des choses.

 

Retrouvez l'avis de Pépita.

 

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