Miss Charity 1 : l'enfance de l'art
Miss Charity 1 : l'enfance de l'art
Loïc Clément, Anne Montel et Marie-Aude Murail
Rue de Sèvres, 2020
Charity est une petite fille de bonne famille dans l'Angleterre des années 1870 et 1880. Alors que son rang lui impose le silence et la discrétion en présence des adultes (même ses parents) et les bonnes manières dans la vie de tous les jours, c'est auprès de la nature que Charity trouve son bonheur. Dans la nature, ce sont les animaux qu'elle préfère et pas toujours ceux qu'il est convenable de domestiquer. Tout commence donc avec une souris. Quand elle la trouve chez elle, elle décide de l'adopter. Avec la froide complicité de sa bonne, suivront des crapauds, des rats et de nombreuses autres petites bêtes...
Je n'ai pas lu le roman de Marie-Aude Murail Miss Charity adapté dans cette BD, je ne pourrais donc pas comparer mais je peux déjà vous dire que je suis autant séduite par l'histoire de ce premier tome que par les dessins !
Je me suis très vite attachée à cette jeune Charity dont l'absence d'enfants avec qui s'amuser la conduit à s'intéresser aux animaux. Comme une enfant, elle y va sans les préjugés du regard des adultes et accorde à chaque espèce le même intérêt. J'ai beaucoup aimé cette approche qu'elle a de traiter les animaux comme des êtres égaux. Sa place dans la société, sa condition de fille, le deuil de ses sœurs sont des réalités qui vont chercher à l'emprisonner dans un rôle bien défini. Heureusement, son tempérament curieux, impulsif et enthousiaste lui offre une belle personnalité qu'on a très envie de découvrir. Un peu plus tard, une autre passion viendra s'ajouter aux animaux, l'aquarelle. On découvre alors une jeune fille plus posée par moment mais toute autant pleine de vie et passionnée. Tout cela donnera probablement l'essence même de la jeune Charity adulte que l'on aperçoit dans les toutes premières pages de la BD.
J'aime beaucoup aussi l'exploitation des personnages secondaires. Les parents de Charity sont surprenants par leur caractère extrême : sa mère est austère, son père est distant (et ce n'est pas peu dire pour l'un comme pour l'autre). Si ils ont un rôle assez en retrait, chacune de leur apparition est savoureuse ! Dans les adultes qui entourent Charity, c'est sa bonne, Tabitha, qui est la plus présente. J'ai adoré ce personnage difficile à cerner. Elle garde le secret de Charity mais pas par amitié pour elle mais plutôt car elle la pense possédée par le diable. Elle a des idées très noires qui lui donnent parfois des comportements inquiétants mais c'est un personnage féminin énigmatique qu'on apprécie de suivre.
Les dessins de Anne Montel s'accordent parfaitement à la personnalité de Charity et à son environnement. J'aime beaucoup les détails de ses illustrations, les couleurs et les traits tout en douceur, qui peuvent aussi bien montrer la nature fleurie que des scènes sombres et effrayantes. Quant à ce style à l'aquarelle, il convient parfaitement à Charity et nous offre les paysages que le personnage pourrait dessiner.
Cette BD et plus généralement cette histoire ont été une superbe découverte. Il se pourrait bien que je n'ai pas la patience d'attendre le second tome pour poursuivre les aventures de Charity et que le roman vienne séjourner sur ma table de nuit, voire même que j'en fasse une lecture à voix haute avec mon fils.