Voilà la pluie, la fête est finie?
Pour cette nouvelle sélection avec Audrey (Les mots dans le plat sur Instagram), on vous propose des albums sur la pluie ! Ce n'est pas trop de saison me direz-vous ? Eh bien, ici, on a juste à regarder à la fenêtre pour être sûres du contraire... Alors sortez vos parapluies, vos cirés et vos bottes et sautez à pieds joints dans les chroniques d'Audrey.
Une éclaircie
Sandra Le Guen et Marjorie Béal
Frimousse, 2020
Dans cet album, un petit garçon laisse échapper son sachet de bonbons sur la route. Un camion passe et écrase les bonbons. La tempête éclate dans le cœur du petit garçon : surprise, incompréhension, frustration, colère et peur s’entrechoquent. Et puis rapidement, la tristesse, l’impuissance, la désolation prennent toute la place devant le spectacle de la rue inondée…
Tout se bouscule dans la tête du petit garçon. Et dans le ciel-miroir aussi.
Mais arrive bientôt, comme une éclaircie, sa sœur-parapluie, qui va venir apaiser ce cocktail d’émotions fortes qui déborde chez le petit garçon. Elle va par sa présence rassurante et son imagination venir le mettre à l’abri de ses angoisses et vite, vite, chasser les gros nuages.
Elle va l'inviter à ramasser avec elle des brindilles et des feuilles mortes pour faire vivre de nouvelles aventures aux bonbons-poissons sur la rue-rivière. « Dans l’eau de pluie, les bonbons sont partis. La colère est finie. » Les nuances vives de rose, rouge, orange et vert s’invitent tout au long de l’album pour raconter l’éclaircie après la pluie.
Quand il fait tout noir au-dedans comme au dehors, les petits lecteurs pourront désormais compter sur les mots-chocolat tout en poésie de Sandra Le Guen et les illustrations-soleil au feutre de Marjorie Béal pour réchauffer le ciel comme le cœur !
C’est le quatrième album du duo.
Quand il pleut
Pierre Grosz et Rémi Saillard
Mango jeunesse, 2016
Elle sublime le travail des araignées, offre des miroirs sur le chemin pour qui veut bien s'y plonger ou même s'y arrêter. Elle interrompt les courses folles, crée l'intimité sous les abris de fortune, rassemble autour d'une tasse de café.
L’album commence un soir comme tous les autres, dans l’intimité de ce moment si particulier qu’est l’histoire du soir d’une maman pour son enfant. Il fait nuit, il pleut. Un enfant est au chaud sous sa couette et en écoutant sa maman, il se laisse bercer par le chant des gouttes qui battent la fenêtre de sa chambre.
Il écoute sa maman lui parler de ces pays où les gens supplient la pluie, parce qu’elle représente leur survie, des angoisses de ces peuples dans l’attente de voir la nature revenir à elle, voir la vie revenir à eux.
Quand certains la craignent, d’autres l’espèrent, la tête levée vers le ciel et la reçoivent enfin dans des cris de joie, c’est aussi ça, le sort de la pluie.
À la fin de l’album, l’enfant s’est endormi… sous sa pluie préférée, celle des bisous de sa maman.
Un album entre ici et ailleurs, dedans et dehors ! L’auteur s’amuse avec les points de vue, c’est très réussi.
Quand il pleut
MeMo, 2014
Cet album dit le pouvoir magique de la pluie qui affole les cinq sens, qui révèle les parfums de la terre, qui se goûte en plissant les yeux, qui chante lorsqu’elle tape les vitres.
Il raconte comment elle s’invite dans la journée, bouscule un peu les habitudes et le programme prévu.
La pluie invite les familles à se rassembler autour d’un goûter ou d’un jeu de société, ou à se laisser aller à l’ennui, se laisser bercer et se mettre à créer. Certains en profitent pour faire une pause le temps de l’averse, les chiens et les oiseaux aussi, car après la pluie, vient toujours le beau temps, et il est alors temps de reprendre le cours de la journée ou d’aller admirer les paillettes et les flaques laissées en cadeau par la pluie.
Mais oui ! La pluie n'est toujours que de passage, comme une amie dont on supporte les petites manies parce qu'on la sait capable de jolis moments de magie.
Il y a tout cela dans ce petit album pour les tout-petits. Peu de texte mais de très belles illustrations, mêlant collage et peinture à l'éponge autour des couleurs primaires, comme un retour à « l'essen-ciel ».
Toi-même
Marion Duval
Albin Michel jeunesse, 2018
Louison et Adèle sont des sœurs jumelles. Le cours de natation est terminé, elles attendent leurs parents sur le parking de la piscine. Pour tuer l’ennui, elles font des longueurs sur les lignes du parking, réalisent des petits chemins de cailloux avec les graviers qu’elles trouvent sur le bas-côté. Mais le temps s’étire, et Louison s’impatiente. Elle décide soudain de quitter sa sœur pour rentrer en courant à la maison, « première arrivée ! »
Un orage se déclare alors qu’elle est encore sur le chemin. Adèle est dabord fâchée de voir Louison partir, mais très vite elle s’inquiète pour elle, se demande si elle va trouver un abri. Les deux sœurs vont continuer à communiquer en pensée, s’interroger, se rassurer aussi.
Il aura suffi d’une grosse averse pour rétablir le lien entre ces deux jeunes filles, sœurs, jumelles mais aux tempéraments bien différents !
De très belles illustrations qui suggèrent plus qu’elles ne disent vraiment, pour accompagner Louison et Adèle, dans l’aventure qu’elles ont choisi de vivre, chacune de leur côté !
Notre camping-car
Magali Arnal
L’école des loisirs, 2015
« Aujourd’hui, Papi m’emmène à la mer dans son camping-car. Toutes mes affaires sont prêtes, je l’attends. »
Chaque scène, dans des couleurs pop, raconte la complicité évidente de cette petite fille avec son grand-père, la vie parfaite à ses côtés comme un sandwich jambon-beurre sans croûte. Mais la tempête s’invite soudain au voyage et va contraindre nos deux compagnons à peine arrivés, à rentrer à la maison. Le voyage serait-il vraiment tombé à l’eau (sans mauvais jeu de mots) ? C’est sans compter sur ce Papi tendre et créatif !
Et si le voyage n’était finalement pas la destination mais le chemin pour y arriver ? Les meilleurs souvenirs de l’enfance naissent parfois, souvent, au coin de la rue.
Beaucoup de tendresse dans la narration de ce début de week-end un peu mouvementé, une jolie lecture de vacances !