Un moment avec Alexis Brocas

Publié le par Sophie

Voilà un petit moment que je n'avais pas publié d'interview, eh bien voilà le retour avec Alexis Brocas. J'ai chroniqué la série La mort, j'adore ! 1, 2, 3 il y a quelques semaines et j'avais découvert cet auteur avec un petit roman Le rêve du cachalot.

 


 

L’écriture

 

Pourquoi et comment avez-vous commencé à écrire ?

Je ne sais pas pourquoi. Parce que depuis tout petit, je rêvasse beaucoup et que l'écriture est un prolongement de cette activité ? Parce que je ne connais pas d'autre moyen (hors la lecture) de se retrouver "à plusieurs" sans avoir à subir la présence d'autrui ?  Pour m'évader et inventer moi-même la trajectoire de ma cavale ? Ou parce que je ne me crois bon à faire que ça ?

En revanche, je me souviens bien de quand. Une prof en primaire qui lisait les meilleures rédactions devant toute la classe. Des scénarios de jeux de rôle écrits au collège, des morceaux de bouquins ensuite, un premier bouquin complet et complètement raté plus tard... 

 

De quoi vous inspirez-vous ?

Pour La mort j'adore, du collège, justement. J'étudiais dans une pension non mixte catho. On jouait pas mal à un jeu de rôle qui s'appelait In Nomine Satanis. Les joueurs y incarnaient des démons envoyés sur Terre accomplir certaines missions. Les scénarios étaient plus ou moins sérieux. Les parties, elles, tournaient toujours au délire gore et sexuel. Donnez à des adolescent des pouvoirs démoniaques, même en imagination, et ils referont le monde d'une façon radicale.

 

Comment avez-vous créé le personnage de Clémence ?

Clémence est composite. Elle provient à la fois des souffre-douleurs dont j'ai pu observer le joyeux quotidien en pension, d'un autre personnage issu d'une autre tentative de roman (l'histoire d'un démon très vieux, des services secrets des enfers, qui trahit ses chefs et se retrouve coincé sur Terre)... C'est aussi une réaction contre le diktat de la beauté que nous assène la pub et une bonne part des romans. Et une réaction aux réactions contre ce diktat qui prône d'appeler "différence" ce qu'on appelait hier "mocheté".

 

Avez-vous un rituel d’écriture ?

Non, pas vraiment. Pour écrire la saison 2 et 3, je me fixais comme objectif un minimum de 15000 signes/soir.

 

Quels sont vos projets en cours ?

Je travaille sur un livre adulte. Un projet devant lequel je recule depuis des années.

 

La lecture

 

Avez-vous toujours aimé les livres et la lecture ?

La réponse est dans la question ! Oui, bien sûr, j'ai commencé tôt par du Jules Verne, puis Tolkien a 11 ans, Lovecraft à 13 et c'était parti.

 

Quels livres ont marqué votre enfance ?

20 000 lieux sous les mers. Voyage au centre de la terre. Lullaby et Villa Aurore, de Le Clézio. La guerre des mondes. Vendredi ou la vie sauvage. Et Les éthiopiques de Hugo Pratt (découvert par hasard et bien trop tôt dans une salle d'attente).

 

À quoi ressemble votre bibliothèque ?

À une bibliothèque normale après le passage d'une tornade. En fait, j'ai deux bibliothèques. La première, la mienne, est bien rangée par ordre alphabétique, divisée : litt française et litt étrangère, poésie, etc. La deuxième se trouve essentiellement par terre : il s'agit des livres que l'on m'envoie dans le cadre de mon travail (journaliste, essentiellement au Magazine Littéraire). Elle est largement aussi fournie que la première mais bien moins rangée.

 

Si vous deviez conseiller un livre, ce serait :

... Impossible de ne vous en conseiller qu'un seul, mais comment ne pas répondre à une question  que j'ai moi-même posé souvent, et avec laquelle j'ai embarrassé un tas d'auteurs ?

Disons, si je devais vous conseiller un livre ce soir, ce serait Un pur espion, de John Le Carré. Tout le monde répète que John Le Carré est un grand romancier. Et tout le monde oublie ce livre, qui est sans doute son chef d'oeuvre... En très gros, l'histoire d'une amitié entre deux espions, l'un de l'est, l'autre de l'ouest, qui se sont connus dans leur jeunesse et influent à eux deux sur l'histoire du monde. Et en filigrane, l'histoire du père de Le Carré, espion, élu, escroc...  

 

Les lecteurs

 

Quelles relations avez-vous avec vos lecteurs ?

Je lis ce qu'ils écrivent sur le livre - mon éditeur surveille cela de très près et me tiens au courant. Mais je m'abstiens de répondre - je trouverais cela déplacé.

 

Utilisez-vous internet pour parler de vos livres et/ou communiquer avec vos lecteurs ?

En vous répondant, je suis en train d'utiliser internet pour parler de mon livre. Pour le reste -promo sur facebook, etc- Sarbacane, ma maison d'édition, s'en charge. Et sinon, quand on m'écrit directement, je réponds.

 

Faites-vous des rencontres en écoles, librairies, bibliothèques ?

Oui, quand je peux. Quand elles ont été un peu préparées, ces rencontres peuvent se révéler d'excellents moments. Lorsqu'on écrit, on est seul avec son petit univers, et on n'imagine pas que quelqu'un d'autre puisse y mettre les pieds. C'est toujours une expérience, étonnante, de rencontrer quelqu'un que vous ne connaissez pas et qui vous a lu... 

 


 

Un grand merci à Alexis Brocas pour avoir répondu à ces questions...

Publié dans Interview, Alexis Brocas

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