Un moment avec Emanuel Dadoun

Publié le par Sophie

En août, je vous ai parlé du nouveau roman d'Emanuel Dadoun, sortie dans la collection Exprim' chez Sarbacane : Microphobie.

 

microphobie

 

Pour moi, ce fût l'occasion de découvrir cet auteur de romans policiers et son personnage, l'inspecteur Kowalski. Appréciant particulièrement les polars, trop peu présents en littérature pour adolescents, j'ai eu envie d'en apprendre un peu plus sur cet auteur, qui a gentiment accepté de répondre à quelques questions...

 


 

L’écriture

 

Pourquoi et comment avez-vous commencé à écrire ?

Vaste question... pourquoi ? Disons que cela s’est imposé à moi comme seul moyen d’expression pour dire les idées, les choses qui m’habitaient quand j’étais gosse... Mais j’ai réellement commencé à écrire à l’adolescence... Comme beaucoup de jeunes, je tenais un journal personnel où s’entremêlaient poésie et réflexions, sentiments et peines inexplicables, inexpliquées... Ensuite, les choses se sont sédimentées autour de la poésie... D’ailleurs, je dois avoir encore dans mes tiroirs, l’un des tous premiers poèmes que j’ai écrit... Il pointait déjà une certaine conscience politique et un anticonformisme généralisé (rire) qu’on retrouve dans mes livres... Cela reste « saupoudré », certes, mais c’est là, quelque part derrière les lignes…

 

Est-ce que vous avez choisi d’écrire du policier ou est-ce que ça s’est imposé à vous ?

Ça s’est imposé à moi après ma lecture du Journal de JP-Manchette... Cette vision du polar comme « littérature par temps de crise » m’a profondément marqué... J’aurai pu faire de la SF, que j’ai pas mal lu quand j’étais jeune mais voilà... c’est du policier et du polar comme genre que j’ai adopté... Ceci dit, rien ne me dit que je ne vais pas écrire un roman de SF un de ces 4... Il y a une pertinence du roman policier que je ne retrouve pas ailleurs et une liberté de ton infini... Quand la société va mal elle lit du polar et ce n’est pas pour rien qu’il y a un réel engouement du public pour les séries policières... C’est la crise et le polar la reflète, d’une certaine manière, à travers des prismes psychologiques, des personnages en proie à des affres existentielles, en pleine déréliction... avec toujours en filigrane cette « tension » politique et sociale...

 

Est-ce que ça a été difficile de trouver un éditeur ? Comment avez-vous procédé ?

Oui. J’ai dû attendre pratiquement 10 ans avant de pouvoir être publié ! Mais j’ai persévéré malgré les lettres de refus d’éditeurs qui n’avaient jamais daigné jeter un coup d’œil sur mes envois... et puis j’ai eu un jour un coup de fil encourageant de Philippe Demanet de Gallimard suite à l’envoi de mon premier roman (non publié) Ressac... une variation sur le thème du Dormeur du Val de Rimbaud... L’histoire d’une sorte de zombie (et oui, déjà !) que je « réveillais » en octobre 1870, en pleine guerre franco-prussienne... J’ai donc persévéré et puis, il a fallut attendre la rencontre miraculeuse avec mon éditeur Tibo Bérard... c’était il y a 3 ans... À noter que j’ai aussi reçu une critique plutôt sympathique de Michel Houellebecq... écrit de sa main... je garde la lettre, sait-on jamais... elle vaut déjà de l’or (rire)...

 

De quoi vous inspirez-vous pour vos histoires ?

Disons que c’est à partir d’une « scène originelle » que les choses se tissent... mais je dois bien avouer que c’est surtout le cinéma qui m’inspire... Mon inspecteur par exemple, Kowalski... ce nom m’est venu après avoir vu Point Limite Zéro de Richard C. Sarafian... un film de 71... D’ailleurs, j’ai souri en voyant que Tarantino en faisait référence dans son Boulevard de la Mort via ses amazones de la route...

 

Avez-vous un rituel d’écriture ?

C’est plutôt le matin et l’après-midi... J’écris souvent en écoutant de la musique... Sinon, j’aime écrire à la mano dans mes calepins sur le zinc puis retravailler les mots sur ordinateur...

 

Quels sont vos projets en cours ?

Une suite à Microphobie (quelle pression !) et un projet sur lequel je travaille depuis 4 ans et qui a bénéficié d’une aide à l’écriture...

 

La lecture

 

Avez-vous toujours aimé les livres et la lecture ?

Oui mais à noter qu’il m’arrive de ne pas lire pendant un mois... Je traverse des sortes de marches dans le désert...

 

Quels livres ont marqué votre enfance ?

Des livres que je lisais au collège... Je pense à la Cicatrice de Bruce Lowery... Vipère au Poing d’Hervé Bazin, un Sac de Billes de Joseph Joffo... Mon Bel Oranger de José Mauro de Vasconcelos... Et aussi des trucs de la Bibliothèque Verte... des Fantômette (déjà les super-héros !), des Conquérants de l’Impossible et avant ça, le Club des 5...

 

À quoi ressemble votre bibliothèque ?

À un mélange hétéroclite de gros livres, de petits livres, d’objets divers... C’est un peu le bordel ! (rire)...

 

Si vous deviez conseiller un livre, ce serait :

Un Pays à L’Aube, de Dennis Lehane... un grand livre...

 

Les lecteurs

 

Quelles relations avez-vous avec vos lecteurs ?

Etant assez « nouveau » dans le milieu, je n’ai pas encore eu le temps de tisser de vrais liens avec eux... Ça viendra sûrement avec le temps...

 

Utilisez-vous internet pour parler de vos livres et/ou communiquer avec vos lecteurs ?

Oui, complètement... C’est un bel outil, fonctionnel...

 

Faites-vous des rencontres en écoles, librairies, bibliothèques ?

Oui, ça commence...

 

Votre roman : Microphobie

 

La Bretagne est un lieu privilégié de vos romans. En tant que bretonne, habitant près de Rennes comme l’inspecteur Kowalski, je ne pouvais m’empêcher de vous demander s’il y avait à ça une raison particulière ?

Ma belle-sœur est bretonne et j’ai passé des soirées inoubliables en Bretagne... D’ailleurs, il y en a certaines, dont je ne me rappelle plus ! (rire)... Sinon, j’ai trouvé que la « minéralité » des lieux se prêtait bien à ce que j’avais envie d’écrire...

 

L’enquête dans Microphobie se passe dans le milieu pharmaceutique et des nanotechnologies. Comment avez-vous fait pour mieux appréhender ces deux univers scientifiques ?

Je me suis documenté et puis... étant moi-même un peu hypocondriaque, ça a pas mal aidé ! (rire)

 

Pour finir, est-ce que vous pouvez nous donner un avant goût de la suite de cette histoire ?

Disons qu'il y sera question d’écologie et que les premières lignes sont des onomatopées : Tchaak tchaak tchaak tchaak tchaak.

 


 

Merci à Emanuel Dadoun pour le temps qu'il m'a accordé. J'espère que cette interview vous aura intéressés. Vous pouvez retrouver l'auteur via son profil Facebook si vous voulez prolonger ce moment et suivre son actualité.

Publié dans Interview, Emanuel Dadoun

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