Les enfants qui volent

Publié le par Sophie

Les enfants qui volent

Vincent Cuvellier et Aurore Callias

Gallimard jeunesse, 2018

 

La ville est calme. Super calme. Super super calme.
Des gens marchent dans de longues rues entre de hauts immeubles. Des gens avec des chapeaux et des pardessus, et d'autres gens avec des robes longues et des chignons. Ils marchent par deux, l'homme donnant son bras à la femme. En bas d'eux, il y a d'autres gens, tout petits. Des enfants. Ils sont sages. Super sages. Super super sages.

 

 

Vous le reconnaissez ce ton saccadé fait de répétition ? C'est celui de Vincent Cuvellier, l'auteur de la fameuse série des Émile, et de biens d'autres livres encore, mais c'est ce ton là que j'ai retrouvé dans cet album un brin décalé.

Tout est calme dans cette ville où les enfants sont donc très sages. Tout le monde est bien habillé dans un style bourgeois fin 19e, début 20e où rien ne gâche cette tranquillité. Mais un jour, une goutte de pluie vient perturber cette douce routine, oui parce qu'il ne pleut jamais dans cette ville. Une goutte de pluie, un souffle de vent mais le pire reste à venir : des enfants qui volent et qui viennent dévergonder ceux du sol ! À partir de là, tout dégénère et les parents n'ont plus qu'à espérer que tout rentre dans l'ordre tôt ou tard.

Cette histoire parle d'une éducation excessive qui enferme les enfants dans un moule dont il ne faut surtout pas dépasser. C'est plein d'ironie comme dans ces quelques mots.

- Maman, j'ai envie de faire pipi.
- Retiens-toi. Tu feras pipi quand tu seras plus grand.

Alors quand les enfants qui volent arrivent, c'est le gros chamboulement. Les enfants reprennent possession d'eux-mêmes et deviennent de vrais enfants qui sautent, qui crient, qui jouent, qui font des rototos même parfois ! Ce livre illustre parfaitement ce décalage entre la volonté des adultes trop bien pensants et celle des enfants qui ont besoin de liberté et de s'affranchir des injonctions permanentes de leurs parents.

Les illustrations de Aurore Callias montrent bien ce revirement de situation. Au départ les familles sont bien ordonnées mais rapidement tout est sans dessus-dessous et il n'y a plus vraiment de ville pour cadrer le décor mais un amas d'enfants volants ou non comme dans une tempête. Cela rappelle bien ces enfants que l'on qualifie parfois de tornade ! Le graphisme est original avec des dessins au trait rapide et des aplats de couleurs, principalement du bleu mais aussi du jaune et du rose fluo.

 

J'aime beaucoup cet album pour son originalité tant dans les illustrations que dans le ton du texte et bien sûr pour son histoire décalée, loufoque et espiègle.

 

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