Comme des images
Tout a commencé quand Léopoldine a rompu avec Timothée pour un autre garçon. Vengeance, mauvaise fréquentation, bêtise, alcool, aucune excuse n'est valable de la part de Tim pour justifier la diffusion d'une vidéo de Léo par mail à tout le lycée. Elle doit faire face, si elle tient la journée, elle aura vaincu la honte, les injures, le regard des autres.
Mais personne ne pouvait imaginer l'horreur de la fin de cette journée !
Clémentine Beauvais a le don de s'attaquer à des sujets forts et sensibles sans aucun tabou et j'apprécie beaucoup la sincérité de son écriture et de ses mots. Quand elle écrit en plus pour la collection eXprim' chez Sarbacane, les chances de me décevoir sont minimes et elle ne l'a pas fait.
Dans cette histoire, c'est la meilleure amie de Léopoldine qui a la parole. C'est à travers elle que l'on va voir la force de Léo face à la situation, la tristesse d'Iseult (la sœur jumelle de Léo) et sa solitude, la gène du nouveau petit ami de Léo et les remarques violentes des autres élèves.
Ce roman, c'est une mise en garde sur internet, sur les réseaux sociaux et sur l'ampleur que peuvent prendre les informations qui y circulent que ce soit ce que l'on accepte de livrer ou ce que l'on nous impose, comme ici dans le but de blesser. Ce n'est pas approfondi mais on y évoque les questions de droits à l'image, les recours face à la diffusion d'informations personnelles et la possibilité de les supprimer définitivement ou pas du net... Toute cette thématique est particulièrement bien traitée par Clémentine Beauvais car il n'est jamais question de matraquer les ados en leur disant qu'internet c'est le mal. Il s’agit au contraire d'une invitation à la réflexion pour éviter ces situations extrêmes mais de plus en plus fréquentes.
Ce roman, c'est aussi des questionnements d'adolescents : des envies d'une autre vie, des personnalités qui se cherchent, des actes irréfléchis, des amours, des amitiés, la pression des études (ici on est au lycée Henri IV à Paris qui forme l'élite de la société)...
Ce roman, c'est aussi une fin. Une fin qu'on attend du fait des apartés de la narratrice sur le parcours qui l'a menée dans cet hôpital, mais une fin qu'on n'imagine pas, une fin qui dénote en sortant du fil conducteur de l'histoire tout en étant son dénouement le plus innatendu.
Comme des images, consacrés à leurs apprentissages, c'est ce que donne l'impression d'être ces jeunes promis à un grand avenir, mais ce ne sont que des adolescents comme les autres, spontanés en bien comme en mal, qui devront vivre avec les conséquences de leurs actes même s'ils n'en sont pas directement responsables.
Retrouvez les avis de Céline du Flacon, Nathan et Céline du Tiroir.
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