Le cimetière des mots doux

Publié le par Sophie

Le cimetière des mots doux

Agnès Ledig et Frédéric Pillot

Albin Michel jeunesse, 2019

 

Annabelle et Simon sont amoureux. Ils aiment se promener dans les bois et ont plein de points communs. Mais un jour, Simon ne vient pas en classe. La maîtresse leur explique qu'il ne viendra probablement pas pendant longtemps car Simon a une leucémie. Annabelle est triste et ne peut même pas voir Simon car sa chambre d’hôpital est interdite pour les enfants. Elle, elle est sont amoureuse mais ça ne compte pas pour les adultes, alors elle lui écrit des mots doux que Thomas, le grand frère de Simon peut lui montrer. Et puis un matin, Thomas vient chez Annabelle pour lui annoncer une horrible nouvelle, la pire qui puisse exister.

 

 

C'est par ces mots que l'espoir de voir Simon guérir n'est plus permis et que le processus du deuil s'enclenche. Car oui, cette histoire parle bien de la mort, de celle d'un enfant mais elle le fait avec une justesse, une douceur impressionnante. Agnès Ledig, que vous connaissez peut-être pour ses romans pour adultes, nous raconte une histoire forte, peu commune mais que j'estime totalement indispensable pour sa sincérité. J'ai aimé que, dans cette histoire, elle aille au cœur des choses. La mort n'est pas détournée, elle est dite avec douceur mais sans chercher à la cacher. Rapidement, on parle d'ailleurs du cercueil et de l'enterrement. Annabelle qui est la narratrice dit d'ailleurs cette phrase qui, pour moi, résume parfaitement le besoin que peuvent avoir les enfants confrontés à la mort : un besoin d'accompagnement, de soutien et non de surprotection par la dissimulation de la situation.

Maman ne voulait pas que j'aille à l'enterrement. Elle avait peur que je sois trop triste, que ça me fasse trop mal. Mais c'était déjà le cas. Et puis, elle serait là pour me donner la main et partager ma peine.

Les illustrations vont dans le sens de l'histoire de dire plutôt que de cacher. Frédéric Pillot nous montre donc l'absence avec le porte-manteau vide de Simon, la maladie avec ce chapeau qui dissimule à peine sa tête sans cheveux et puis après les larmes et une partie du trou qui accueillera le cercueil. Ce que j'ai aimé aussi, c'est la luminosité des illustrations qui ne s'assombrissent pas inutilement et qui restent à hauteur d'enfant.

 

Cet album est d'une incroyable justesse car il ne cache rien sans pour autant tout montrer. On ne voit par exemple pas l’hôpital ou le cercueil, on reste vraiment dans le ressenti d'Annabelle, dans les sentiments qu'elles expriment. C'était nécessaire, ce livre se termine sur un texte explicatif à destination des adultes réalisé par Agnès Ledig et Rogeria Rodrigues, psychologue. Ce texte explique l'importance de parler de la mort avec les enfants et ce livre est un excellent moyen d'en discuter. Pour moi, c'est un livre à lire hors contexte comme tous ceux sur le sujet, je ne suis pas certaine que les lire quand l'enfant est confronté à la mort soit ce qu'il y a de mieux car ça ne fait qu'en rajouter. En revanche, dans ces moments, il faut être disponible pour en parler. Je pense plutôt qu'il faut oser prendre ce livre dans un contexte quotidien pour que justement la réflexion, l'acceptation de la mort puisse se faire avec une certaine distanciation pour mettre plus facilement des mots sur ses émotions quand on y est confronté.

 

Ce livre est un coup de cœur pour moi car il bouleverse en nous parlant d'un sujet très difficile : la mort d'un enfant, mais il le fait avec douceur, tendresse et sincérité, ce qui en fait un album indispensable !

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