Un moment avec Lylian
Il y a quelques semaines, je vous parlais de l'adaptation de La quête d'Ewilan en bande-dessinée ICI.
Lylian, scénariste de cette adaptation a accepté de nous parler de la naissance de ce livre et de son travail pour rendre ce bel hommage à Pierre Bottero. Je l'en remercie et je vous laisse maintenant découvrir les coulisses de cette bande-dessinée.
Avant de partir pour Gwendalavir, pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours ?
Je suis Lylian. Je suis scénariste de bande dessinée depuis 10 ans cette année. J'ai publié à ce jour 8 albums. Le dernier est l'adaptation en bande dessinée aux éditions Glénat des romans de Pierre Bottero, La Quête d'Ewilan, parus aux éditions Rageot.
Mon parcours est avant tout celui d'un lecteur qui s'est senti embarqué dans la création depuis son plus jeune âge. Plongé dans les mondes imaginaires, les miens et ceux des artistes dont j'aime les œuvres, je me suis assez rapidement senti l'âme volontaire, comme si lire ne suffisait pas. Il y avait toutes ces idées qui voulaient sortir de ma tête. Alors, j'ai commencé à écrire.
J'ai arrêté mes études deux ans après le brevet des collèges pour travailler. Plus tard, j'ai passé mon BAC et je suis entré à l'université en Arts. C'est là que j'ai vraiment commencé à œuvrer en tant que professionnel, à passer mon temps libre à écrire et à créer.
La création est vitale pour moi.
Étiez-vous lecteur des romans de Pierre Bottero où les avez-vous découverts pour cette bande-dessinée ?
Je ne connaissais pas La Quête d'Ewilan avant que l'on me propose de travailler dessus et maintenant, je suis un grand Fan qui participe à une belle aventure éditoriale. Par de multiples aspects, la sensibilité et les univers de Pierre rejoignent les miens. L'envie d'un ailleurs magique et terrifiant, l'extrême humanité qui ressort des personnages et la volonté d'écrire émotion. C'est un plaisir immense que de travailler sur les textes de Pierre Bottero.
Comment est né ce projet d’adaptation de La quête d’Ewilan ?
Magiquement. Deux grandes fans du livre ont un jour apporté au père de l'une d'elles les romans d'Ewilan en lui disant que ce serait super de les adapter en bande dessinée. Il se trouve que ce monsieur est Jean Claude Camano, un des grands directeurs éditoriaux de la place française. Ce sont donc des fans qui ont apporté Ewilan vers la BD.
Je sais aujourd'hui que Pierre Bottero voulait que ses livres soient adaptés en bande dessinée. Mon travail essaie de rendre hommage à son oeuvre et son talent.
Je suis arrivé sur le projet alors que des tests avaient déjà été faits. Visiblement, la situation était difficile et le ton des planches ne collaient pas avec les romans. De mon côté, je me suis lancé dans ma version d'Ewilan. La réponse a été positive et nous avons fait l'album.
Et quel a été votre premier ressenti à l’idée de travailler sur un tel succès de la littérature jeunesse ?
Vraiment ? En premier lieu, je ne me suis pas soucié des ventes du roman mais de l'histoire et du style. Mon premier contact avec Ewilan a été le bon. J'avais acheté l'intégrale du premier cycle. J'ai lu la première séquence, celle où Camille passe en Gwendalavir. J'ai pleuré de joie. Ensuite, j'ai appelé pour dire que je le faisais.
Quel a été votre travail pour condenser un roman de presque 300 pages en 120 ?
La question du format et du nombre de pages a été cruciale. Sur ce point, nous avons grandement été aidés par Monsieur Camano et l'équipe éditoriale des éditions Glénat qui ont proposé un format confortable. Des albums de 64 pages couleurs, 2 albums de BD par roman.
Ensuite, le découpage et le choix des séquences est un travail d'adaptation long et précis qui nécessite de connaître l'oeuvre à 200%, afin de savoir quelles séquences couper, comment déplacer certains dialogues. On dit souvent, adapter c'est trahir. C'est vrai. Je trahis le texte mais j'essaie de respecter l'esprit original afin de donner la sensation de restituer l'essence des romans. Il y a un vrai intérêt à cette adaptation à mon sens. Les bandes dessinées n'enlèvent rien au roman et si vous lisez les romans en second, vous ne serez pas déçus. Les deux se complètent.
Forcément, les illustrations ont une part importante dans la bande-dessinée, comment avez-vous collaborés avec Laurence Baldetti et Loïc Chevallier, respectivement dessinatrice et coloriste ?
J'ai rencontré Laurence dont je connaissais le travail, Perle Blanche aux éditions Glénat, sur ce projet. Je connaissais déjà bien Loïc puisque nous avons déjà fait 2 albums ensemble, Kenji le Ninja aux éditions Clair de Lune. Nous nous sommes tout de suite sentis à l'aise. Nous fonctionnons en trio, l'échange et le partage des idées est la base de notre travail. En réalité, nous sommes 4 puisque Pierre Bottero est là à chaque seconde, dans chaque page. Nous travaillons en ping-pong. Une fois le scénario écrit, nous nous lançons dans la réalisation de la bande dessinée, par étapes. Nous revoyons chaque page, chaque case afin de lui apporter des améliorations, de dessin, de lisibilité.
Nous faisons un travail de groupe comme si nous étions au même endroit, mais séparés par des milliers de kilomètres.
Une adaptation de La quête d’Ewilan sans Pierre Bottero, c’était attendu avec méfiance et envie à la fois ! Quel bilan tirez-vous de ce premier tome quelques mois après sa sortie ?
Le sujet était sensible à ce que j'ai compris en parcourant les différents forums sur Ewilan. Je comprends la peur de voir une œuvre que l'on adore, dénaturée par son adaptation sur un autre média. Je sais aussi que cela peut donner une œuvre nouvelle qui rend hommage à la première tout en créant sa propre identité.
Il y aura toujours ceux qui crient hérésie, ceux qui aiment et ceux qui adorent la nouvelle version. Nous essayons de faire la meilleure version possible tout en respectant le cadre
dans lequel nous sommes.
Le premier tome est sorti en octobre. Depuis, ce n'est que du bonheur. Partout où nous allons, les discussions sont belles et intéressantes sur le livre, Ewilan, les prochains projets. Selon mes informations, le tome 1 va connaître une nouvelle impression qui sera sur quelques points un tout petit peu différente. Cela signifie donc que les lecteurs ont suivi. Nous tenons à les remercier car c'est grâce à eux que la série peut continuer ! MERCI !!
Un petit mot sur la suite pour nous faire patienter ?
" La vie est une question.
La voie du marchombre est tout à la fois.
La réponse du savant et celle du poète."
Ça vous dit quelque chose ?