Jeux de vilains
Jeux de vilains
Patrice Quélard et Éric Dodon
Beurre salé, 2018
En 1914, Paul fait partie des appelés pour le front. Ne voulant pas confronter son fils de 5 ans à l'horreur de la guerre, et pensant revenir vite, il décide de lui mentir. Paul raconte donc à Adrien qu'il part faire un grand jeu contre les Allemands. Au fil des mois, ils échangeront de nombreuses lettres où Paul raconte à son fils les parties de cache-cache, de tir au pigeon ou de saute-mouton...
Que d'émotions avec ce roman ! Déjà, on commence par nous raconter la relation fusionnel d'une père avec son fils, chose assez rare pour l'époque. Ensuite c'est le départ pour la guerre et les lettres commencent. Le père met toute son énergie dans ses mots pour adoucir la guerre, la transformer en jeu mais le lecteur lui sait que ce n'était pas ça. En plus, les illustrations entre chaque courriers, elles, montrent bien l'horreur de la guerre, le sang, la peur, les morts... Ce mélange entre les textes protecteurs et les illustrations qui reflètent la violence est justement dosé et donne un roman tendre, fort et poignant. Cette correspondance est aussi l'occasion d'évoquer la censure militaire qui était faite pour éviter que les familles connaissent la réalité du front et à l'inverse pour ne pas donner de propos décourageants aux soldats.
Ce roman rappelle que la guerre est aussi celle de ceux qui sont restés à l'arrière, de ses femmes, de ses enfants, de ses familles qui ont été dans l'attente de voir ou non revenir leurs proches.